C’est par sa page Facebook
que nous avons appris que Christian Rioux avait été congédié par le Devoir.
Le quotidien s’est déjà débarrassé de Normand Baillargeon, Lise Payette,
Antoine Robitaille de façon tout aussi élégante.
Sur la page Facebook de
Richard Martineau, Christian Rioux explique les raisons de son départ. Extraits :
« …depuis le changement de direction, je n’étais pas dans les grâces de
la nouvelle équipe. […] …la rédactrice en chef a décidé de resserrer son
contrôle sur les chroniqueurs. On m’a par exemple refusé une chronique sur le
changement de nom des Dix petits nègres d’Agatha Christie. C’était un
mois exactement avant que ce débat n’éclate au Québec avec la suspension de
Verushka Lieutenant-Duval à l’Université d’Ottawa. Il y a deux ans, ce contrôle
s’est encore resserré virant en une sorte de guérilla permanente. […] Ce
harcèlement s’est accentué avec la mise en place d’un groupe de « fact
checking » qui est aussi en partie un comité de censure destiné à remettre
les chroniqueurs dans la droite ligne. […] sous prétexte d’éthique, ce « fact
checking » s’exerce minutieusement sur tous les textes qui concernent
l’islam, l’immigration ou le genre, mais à peu près pas sur ceux qui concernent
la politique française, la culture ou l’Union européenne. »
Comme par hasard, une note
de service de la direction du journal a en partie fuité :
On notera que la direction
prévoyait qu’il y aurait « une petite tempête ». Ce genre de fuite est
typique de la gestion de crise et laisse supposer que la tempête est plus
grosse qu’on l’avait prévu. Il pouvait donc être utile d’instiller l’idée que
le comportement de Christian Rioux était de nature à nuire à « un
environnement de travail sain et respectueux pour l’ensemble du personnel du Devoir,
syndiqués et cadres compris ». Quelle est donc cette direction incapable
de gérer un chroniqueur basé à 5 500 km du siège social ?
La note de service mérite
quelques commentaires linguistiques. La datation est en anglais. L’appellation « groupe
pour la rédaction » est pour le moins bancale. « Un dernier texte de
salutation » : serait-ce donc que Christian Rioux avait l’habitude d’écrire
des textes de salutation ? On notera l’euphémisme : on n’ose pas dire
faire ses adieux. Je crois deviner l’identité de l’auteur (oserais-je dire
de l’autrice ?) de ce texte.
Plus de 200 personnalités
ont accepté de se joindre au mouvement lancé par le constitutionnaliste Daniel
Turp « pour interpeller Le Devoir afin qu’il soit fidèle à sa
propre exigence ». Il écrit sur sa page Facebook : « je vous
invite à me contacter directement par courriel à l’adresse daniel.turp(à)umontreal.ca
et vous ferai parvenir l’information relativement à cette mobilisation ».
